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Ce que je traverse

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Le deuil peut être ressenti comme un changement, pour le meilleur ou pour le pire. Ou ça peut te faire sentir que tu es « différent ». Ça peut changer ta manière de voir des choses ou te faire grandir plus vite.

Ça te change

« Un deuil amène aussi une certaine maturité. Je trouve que c’est comme un mal pour un bien parce que ça va te servir n’importe quand dans ta vie. Tu comprends des choses que d’autres ne comprennent pas. » Anne-Sophie, Québec

« Je sais que le deuil ce n’est pas vraiment positif, mais ça l’a eu des effets positifs aussi sur moi. Ça m’a permis de me découvrir. Après une période difficile, j’ai commencé à trouver des intérêts que je n’avais pas avant et ça m’a plus aidé et ça m’a appris des choses sur moi-même. » Anaïs, Québec

« Je n’ai jamais eu de haine envers ça, le monde. Ça dépend jusqu’à quel point, mais on dirait que depuis que j’ai fait ma technique en éducation spécialisée, je me suis comme vraiment adoucie pis j’ai ouvert mes portes. » Audrey, Québec

« Moi, ça m’a appris pour vrai que j’étais plus forte que je le pensais. Le mot que j’ai appris dans mon deuil c’est résilience. J’ai vraiment appris que j’étais une personne résiliente. » Roxane, Québec

Ça fait partie de toi

« Des fois c’est un peu normal d’en parler pis ben, mes amies sont genre : « Oh my god parle pas de ça.  » Mais comme je vis avec, ça fait partie de ma vie donc c’est correct pis c’est juste normal d’en parler. Les gens font comme si c’était un sujet à ne pas parler mais au contraire — il faut en parler. C’est comme ça pas qu’on s’en libère mais que ça nous aide à sortir nos émotions. Ce n’est pas réellement un tabou, c’est juste que les gens faut comprendre que ça fait partie de notre vie et qu’on ne peut rien y changer. » Rosalie, Québec

« La première fois que j’ai dû le dire à d’autres personnes que mon père était décédé, ma professeure voulait que je raconte mon histoire devant ma classe. Donc là j’avais comme exprimé ce que j’avais senti, mes émotions devant d’autres personnes que je connaissais. Pis comme quand je rencontre des nouveaux amis je leur explique. Souvent ils vont me demander ce que font mes parents et là je leur parle de ma mère, de mon beau-père pis après je leur explique que mon père il est décédé pis comme, il s’excuse-là. Mais en fait ça ne me dérange pas vraiment. Je veux dire je suis quand même rendu habitué-là. Ça va faire 8 ans en mai donc ça fait comme partie de mon  quotidien. » Anaïs, Québec

« Quelquefois tu vois les gens qui n’ont pas cette conscience-là parce qu’ils ne l’ont pas vécu ça. Si je me chicane avec ma mère, je n’ai pas le choix d’aller lui donner un câlin et un bisous après et de lui dire je t’aime. Je ne suis pas capable de savoir qu’elle va se coucher frustrée à cause de moi. T’sais, pis je suis sa seule fille. L’autre elle l’a perdue. » Rosalie, Québec

« Quand j’étais jeune on me disait tout le temps : « Ah remets tes souliers d’enfants, tu as perdu ton rôle d’enfant trop vite. » Mais une fois que tu les as perdu ces souliers-là tu ne peux pas les remettre. On avait ben beau me dire : « reprends tes responsabilités d’enfant pis ne te préoccupe pas des choses des adultes. » Je n’ai jamais été capable de me remettre dans l’esprit d’un petit enfant qui n’était jamais stressé du reste. » Maika, Québec

« Dans ma maison je tombais la mère du jour au lendemain parce c’est moi qui allais voir ma mère pour lui dire qu’elle devait prendre ses médicaments parce qu’elle n’allait pas bien. Des affaires de même. Je suis devenue la plus vieille du jour au lendemain. » Victoria, Québec

« Moi, c’est important de dire je t’aime tout le temps parce que sinon je ne suis pas capable. Mettons que je pars de quelque part je leur dis « je t’aime ». Sinon, je vais les appeler pour leur dire. » Justine, Québec

Le deuil est différent de ce que je pensais

Ressource-toi

Parfois, c’est comme si certaines pensées, émotions ou inquiétudes tournaient en rond sans arrêt dans notre tête ou notre corps.

Voici des moyens rapides de briser ce cycle et d’aider ton esprit ou ton corps à refaire le plein d’énergie.

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Apprendre à propos de la mort et du deuil

« C’est arrivé quand j’avais 3 ans et demi, 4 ans. Je comprenais pas vraiment. Je n’ai pas su vraiment la vérité, ben je ne comprenais pas la vérité, mais je me suis fait dire qu’il était parti au ciel et qu’il n’allait pas revenir. » Justine, Québec

« Il est décédé quand j’avais 5 ans. Donc, il y a des choses que je ne comprenais pas vraiment. Ma mère m’a dit toute la vérité parce qu’elle pensait que si je connaissais toute la vérité je me poserais plus de questions, pis que ça ne me ferait pas vraiment de mal. » Anaïs, Québec

« Je trouve que ça m’a appris de l’empathie et de ce qu’il ne faut pas faire avec des gens qui vivent ça. » Camille, Québec

« Rendu là aujourd’hui, vu que je comprends, je me dis que ça me fait chier parce qu’elle m’a menti. Mais en même temps je me dis que dans ma tête de sept ans, est-ce que ça l’aurait changé quelque chose? Je ne sais pas. Ben c’était genre « Hein, pourquoi ma mère ne m’a pas dit la vérité? » Je n’ai pas vraiment parlé avec ma mère, mais j’en ai parlé pis elle m’a dit que peut-être qu’elle n’était pas prête à m’en parler pis que je n’étais pas assez vieille. » Rosalie, Québec

« J’ai appris que ça ne se réglerait jamais, que tu vas toujours y penser pis que tu vas toujours avoir un moment de tristesse. » Justine, Québec

« Ça a duré deux ans, et je suis allée le voir à l’hôpital pendant ces deux ans là. Je pense que ça ne m’a pas aidé. Pour vrai, j’ai tellement été là. J’ai tellement tout su que ça ne m’a vraiment pas aidé, pis ça m’a plus fait peur qu’autre chose. Je pense que j’aurais aimé mieux pas assister à ça. J’aurais mieux aimé être dans le déni que de tout savoir. » Annabelle, Québec

« Quand on était aux funérailles je ne comprenais pas vraiment ça parce que c’est la première fois que j’allais à des funérailles. Quand il mettait l’eau, je m’en souviens j’ai demandé à ma mère : « pourquoi ils mettent nos larmes sur le cercueil?  » Je trouvais ça un peu bizarre mais ma mère m’a expliqué que c’était de l’eau bénite, mais y’a quand même des choses que je comprenais pas vraiment à cet âge-là, j’ai compris plus tard. » Anaïs, Québec

« À mon âge je ne comprenais pas et là tu vois aujourd’hui ça fait 8 ans, je peux y penser encore. T’apprends à surmonter à travers des expériences que tu vis. Tu apprends à surmonter à travers des expériences que peu importe qui va t’amener. Tu chemines tout le temps dans le fond, mais tu ne l’oublie pas. C’est ça que je retiens en gros. » Audrey, Québec

 

teen grief
Mon premier deuil
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Le deuil, c'est quoi?

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Il n’y a pas de manière typique de vivre son deuil. Et ça peut changer d’un moment à l’autre et au fil du temps. Il n’y a pas de « bonne » ni de « mauvaise » façon de le vivre. Il se peut qu’on te traite différemment qu’à l’habitude ou qu’on s’attende à ce que tu fasses ton deuil d’une certaine manière. Tu peux également te demander « Est-ce que je vais me sentir toujours comme ça ? »

Les leçons de la maladie et du deuil

Le deuil peut être ressenti comme...

La culpabilité – « Je me suis comme sentie coupable de ne pas me sentir aussi triste que je pensais que j’allais l’être, du moins pas le démontrer autant parce que j’étais très triste aussi. J’ai appris que c’est normal dans le fond et que c’est, si ça c’était passé d’une autre façon probablement que j’aurais réagi d’une autre manière et ça l’a vraiment été d’accepter ça et plus le temps avance, » Anne-Sophie, Québec

L’éffrondrement – « La manière que notre cerveau il fonctionne, on ne comprend pas tout, il prend l’information. C’est sûr que quand c’est arrivé quand ils me l’ont annoncé, j’ai comme, on se sent tellement effondré. Tu as l’impression que ta vie s’effondre en arrière de ton dos. » Maika, Québec

L’incompréhension – « Autant des fois tu te sens incompris parce que tu es triste et personne sait pourquoi. En même temps c’est mon choix de dire ah je suis triste parce que aujourd’hui c’est l’anniversaire de mort de mon père, on part en voyage et vraiment ça ne me tente pas d’être ici dans l’autobus avec plein de monde. » Roxane, Quebec

Le bouleversement — « Je pense que quand tu es endeuillé à l’adolescence ou même plus jeune, ça bouleverse vraiment tout dans ta vie.  Quand t’es jeune t’as comme moins d’expérience avec la vie, comme tous les problèmes. Aussi quand on est plus jeune on a moins d’occasion d’être en rapport avec la mort et je trouve ça assez traumatisant.. Quand on est jeune on est vraiment moins préparé. » Maëline, Québec

Le questionnement — « Il y a aussi la culpabilité. Pourquoi ce n’est pas arrivé à moi? Quelquefois dans des passes difficiles, comme il m’est arrivé dernièrement, je me demandais pourquoi ce n’était pas à moi? Ça l’aurait pu arriver à moi, pis elles seraient encore en vie. » Victoria, Québec

La lourdeur — « Le deuil c’est comme une valise ou un sac à dos que tu traînes. Au début c’est super lourd, mais à la fin il est encore là ton sac à dos, il pèse encore le même poids, » Roxane, Québec

Un vide — « Je ne pense pas qu’on est prêt à vivre ça, mais comme elle a dit on ne le vit pas là, on le vit plus tard. Parce que toute arrive en même temps. Mettons la personne décède, là le lendemain tu es déjà dans les rites funéraires et la semaine d’après tu es dans les funérailles, tu la vois pis lui est enterré le samedi d’après. Donc là tu es comme dans un vide, pis tu ne le sais pas pourquoi. » Audrey, Québec

Le deuil peut aussi être ressenti comme…

L’Anticipation — « Elle était en soins palliatifs depuis février, elle est décédée en juin. Elle est rentrée à l’hôpital en mai, elle a duré à la maison vraiment très longtemps. L’infirmière nous disait « vous avez fait ce que vous pouviez et vous avez fait plus que ce qu’on attendait. » Je ne sais pas, c’est comme c’est un deuil qui commence un peu plus tôt. » Camille, Québec

Minimisé — « Mais on dirait qu’il y avait encore là une incompréhension et peut-être de minimiser un peu le fait que c’est une grand-mère et que ce n’est pas ta mère, ce n’est pas ton père. Ça j’ai trouvé ça plate. » Anne-Sophie, Québec

L’isolement – « Les autres amis, ça fait son temps ils m’en ont parlé les premiers jours et après ça ils ont lâché le morceau. Donc ça, un petit peu de déception de ce côté-là. Je ne voulais pas non plus être le centre de l’attention pendant des mois, mais juste d’avoir un petit suivi ça l’aurait été apprécié ou juste un petit coucou à la porte. T’sais c’était comme toute par texto. » Anne-Sophie, Québec

Et si? — « J’avais l’impression que ça allait arriver un jour ou l’autre parce que mon père avait beaucoup de difficultés et son cas ne s’améliorait pas, mais il y a toujours les questions. Est-ce que j’aurais pu faire quelque chose pour l’aider? Si j’avais fait ceci, ça l’aurait tu changé quelque chose? Ce sont surtout les questions. » Maika, Québec

Être étiqueté — « Je pense moi ce qui m’a plus fâché des adultes c’est le fait d’être étiquetée comme “une fille qui a perdu son père”. Je trouve que c’est un peu blessant parce que c’est pas parce que t’as perdu ton père que c’est juste ce que t’es. Ça te définit pas. Ça fait que je pense ce qu’il m’a fait mal c’est de voir que les gens, après qu’ils apprennent que tu as vécu ça ils te voient d’une autre manière. Des fois quand je rencontre quelqu’un, je veux même pas leur dire sur le coup parce qu’après il me voit dans les différentes manières. » Mia, Québec

L’obligation – « Ben moi au début, je me suis sentie obligé d’en parler. Parce qu’il y avait tellement de personnes qui se demandait que si je ne leur répondais pas ils me jugeaient et disaient que je cachais de quoi. En tout cas c’était compliqué. » Victoria, Québec

Les différentes émotions reliées au deuil
refelections

 Quand je l’ai su

« Ma mère elle appelle ma grand-mère, parce que j’ai toujours vécu avec ma grand-mère dans l’histoire, et là elle m’a passé et elle a dit : « Anaïs, papa est mort. » Dès qu’on l’a su ma grand-mère nous a amené à l’hôpital et j’étais avec. Quand j’ai compris que mon père était mort il y a comme eu un « ohhhh, ok. » » Anaïs, Québec

« Ma soeur s’est suicidée. Moi, je l’ai su la journée même que ma mère l’a su, mais ma mère m’a pas dit que s’était un suicide. Elle a inventé une histoire à me raconter parce qu’elle voulait pas me faire mal en disant que ma sœur s’était suicidée. Rendu là aujourd’hui, vu que je comprends, je me dis que ça me fait chier parce qu’elle m’a menti. Mais en même temps je me dis que dans ma tête de sept ans est ce que ça l’aurait changé quelque chose, je ne sais pas. » Rosalie, Québec

«  Ça m’avait beaucoup nuit parce que t’sais un suicide, moi je n’y attendais pas, tu ne le vois pas venir. C’est vraiment tough à avaler comme information parce que ton cerveau ne prend pas l’information pis il ne réalise pas trop que ça se passe. J’avais besoin de ces moments-là pour vivre mes émotions, pis des fois tu as besoin des vivre seul ces émotions -là. » Maika, Québec

« Elle a fait une rechute, après ça une autre rechute et une dernière rechute. Donc c’est plus ou moins planifié parce qu’on le savait. C’est arrivé à 8h05 le matin donc je me suis réveillée à 6h40 en panique parce que ma belle-mère est venue cogner à ma porte en disant « ton père il arrive pour venir te  chercher ». » Camille, Québec

« Ma grand-mère était rentrée à l’hôpital parce qu’elle s’était cassé un genou et un pied. Elle commençait à aller mieux et elle s’est recassé une hanche…Bref ça n’allait plus. Quand elle a fait la demande d’aide médicale à mourir, ben ce n’était pas la première fois qu’elle sortait ça. Donc moi, je savais que ma grand-mère était plus vraiment autonome. Même si c’était comme ma meilleure amie je comprenais toute la douleur qu’elle vivait, pis je comprenais que pour elle c’était plus une vie et qu’elle n’avait plus de qualité de vie. En fait, quand elle a fait la demande, ben je l’ai juste compris. » Anne-Sophie, Québec 

Stigmatisation et présomptions

« Moi, mon père, ça faisait longtemps qu’il avait ce fardeau là sur les épaules, il avait de la dépression et depuis qu’il était jeune que sa maladie mentale était là. Il a tout essayé, il a demandé de l’aide, il a essayé de combattre beaucoup. Je pense qu’il était rendu à un moment dans sa vie où il était juste plus capable de… il pouvait plus, il avait plus assez de force pour continuer à combattre cette chose-là. » Maika, Québec

« Ce qui m’a plus fâché des adultes c’est le fait d’être étiquetée comme “une fille qui a perdu son père”. Je trouve que c’est un peu blessant parce que ça te définit pas. Quand les gens l’apprennent, ils te voient d’une manière différente. Des fois quand je rencontre quelqu’un, je veux même pas leur dire sur le coup parce qu’après il me voit dans les différentes manières. » Mia, Québec

« Autant des fois tu te sens incompris parce que tu es triste et personne sait pourquoi. En même temps c’est mon choix de dire « Ah, je suis triste parce que aujourd’hui c’est l’anniversaire de mort de mon père et on part en voyage et vraiment ça ne me tente pas d’être ici dans l’autobus avec plein de monde. » » Roxane, Québec

« On dirait que le monde, quand c’est une grand-mère ou un grand-père, il trouve ça plus naturel, plus comme normal que la personne décède à cette âge-là. Pour ma part, je trouve qu’ils ont accordé moins d’importance. T’sais j’avais une de mes bonnes amies qui est ma boss au resto où je travaille en ce moment… je lui ai demandé si je pouvais ne pas rentrer ce soir-là et elle m’a fait rentrer quand même. Mais on dirait qu’il y avait encore là une incompréhension et peut-être de minimiser un peu le fait que c’est une grand-mère et que ce n’est pas ta mère, ce n’est pas ton père. J’ai trouvé ça plat. » Anne-Sophie, Québec

Utilise la musique

Choisis de la musique sur laquelle tu peux chanter, danser, sauter, crier ou pleurer, ou qui a une signification particulière pour toi ou en avait une pour la personne qui est décédée.

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Ça m’est tombé dessus plus tard 

« Je pense qu’au début j’ai même pas su trouver de l’aide pis il y avait rien qui pouvait m’aider parce que sur le coup, je réalisais pas vraiment. J’étais quand même jeune et je n’avais pas encore cette maturité-là. J’ai appris au cours des années qui ont suivi à cause de ça.  Je savais même pas qu’est ce qui m’arrivait. Pour moi c’était comme mon père allait travailler. C’était comme habituel pour moi… je réalisais pas. » Mia, Québec

« Je ne me souviens pas avoir tant pleuré que ça parce que la compréhension pour moi c’était abstrait.  Le suicide a ètè vraiment bien expliqué par la travailleuse sociale, mais ça l’a pris du temps avant que ça chemine dans mon esprit pis comprendre la permanence de la mort. L’expérience des autres m’a beaucoup aidé là-dedans, » Roxane, Québec

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Est-ce sera toujours comme ça?

« Quand ça était dur pour moi les derniers mois,  je me suis “pas abandonnée” et je suis fière de pas abandonné. Je me suis dit que j’allais pas abandonné pis j’allais resté justement pour mon père qui aurais aimé être ici pis surtout faut pas que j’abandon. » Mia, Québec

« La première chose que j’aurais aimé savoir c’est que c’est normal pis que tu as le droit d’avoir de la peine, j’ai le droit de pleurer autant de l’armes que tu veux. Pis c’est normal aussi qu’après autant d’années. Tu as encore de la peine que ça soit encore autant présent dans ta vie. » Alysson, Québec

« À mon âge je ne comprenais pas et là tu vois aujourd’hui ça fait 8 ans. Je peux y penser encore, mais t’sais, t’apprends à surmonter à travers des expériences que tu vis. Tu apprends à surmonter à travers des expériences que peu importe qui va t’amener. Tu chemines tout le temps dans le fond, mais tu ne l’oublie pas. C’est ça que je retiens en gros. » Audrey, Québec

« Ce qui ne m’a pas aidé dans mon deuil c’est moi-même dans un sens parce que je m’imposais des limites comme ça fait mettons trois mois, tu devrais déjà aller mieux. Parce que je savais pas exactement c’est quoi un deuil ou comment vivre ça. Les seuls exemples que j’avais c’est surtout dans les films ou quoi que ce soit, puis on voit après quelques mois, ils commencent à aller mieux. Ça m’a vraiment fâché un peu de voir que j’allais toujours pas mieux après une certaine limite de temps. Encore aujourd’hui… j’ai de la difficulté à comprendre ça et à prendre le temps de me dire « okay c’est correct, c’est normal ». Je pense que c’est un tabou dans notre société. » Laurie, Québec

« La travailleurse sociale m’a dit tout le temps :  » Le deuil ça dure toute une vie. » » Roxane, Québec

Ce que j’ai appris…

« Ç’est normal de vivre nos émotions dans un deuil, de pas s’en empêcher pis que même si ça fait deux ans, trois, dix ans, ben c’est normal de vivre des émotions encore. Même encore aujourd’hui quand c’est l’anniversaire de la mort de mon père ou son anniversaire c’est toujours plus difficile pis c’est normal. C’est quelqu’un d’important dans la vie d’un enfant. C’est normal de vivre des émotions pis il faut se laisser les vivre parce que c’est ce qui fait en sorte qu’on a de la misère à avancer selon moi. » Maika, Québec

« J’ai appris que ça se vivait à long terme parce que moi je veux tout le temps que les choses soient faites vite. Je suis aussi du genre à montrer que je suis heureuse, mais je ne le suis pas. En ce moment, je vis des émotions mais je suis tellement contente d’être dans ce projet-là que j’ai l’air vraiment, ben pas heavy, mais comme j’ai l’air full souriante pis toute. » Audrey, Québec

« Aujourd’hui je sais que ça l’aurait fini par arriver pis que ce n’était vraiment pas de ma faute et que mon père m’aimait, et qu’il aimait aussi ma sœur énormément, mais que moi pis elle on aurait rien pu changer même si on était ses raisons de  vivre. » Maika, Québec

« Ce que j’ai appris du deuil, c’est que ça finit par bien aller à la fin. Oui le deuil il ne finit jamais, il reste toujours là et tu apprends à vivre avec dans le fond. Parce que moi au début je me disais c’est impossible que ça puisse bien aller, j’aurai plus jamais mon père, je ne serais pas capable de vivre sans lui, pis je me disais que ça n’allait jamais bien aller. Aujourd’hui, j’ai quand même une vie assez normale et paisible. J’ai appris que j’étais capable de vivre avec et que ça finissait par bien aller. Ce que j’ai appris de moi, c’est que je suis capable d’affronter plus de choses que je croyais être capable d’affronter. » Maika, Québec

Le questionnement par aprés

« Rendu là aujourd’hui vu que je comprends, je me dis que ça me fait chier parce qu’elle m’a menti. Mais en même temps je me dis que dans ma tête de sept ans est-ce que ça l’aurait changé quelque chose? Je ne sais pas. Ben c’était genre : « Hein, pourquoi ma mère ne m’a pas dit la vérité? » Je n’ai pas vraiment parlé avec ma mère, mais j’en ai parlé pis elle m’a dit que peut-être qu’elle n’était pas prête à m’en parler pis que je n’étais pas assez vieille. » Rosalie, Québec

« Même si j’étais jeune, l’accident a quand même eu un gros impact sur moi. Parce que je n’avais pas toutes les informations – pourquoi l’avion s’est écrasé, les conditions, tout ça, je n’avais pas ces informations.  J’ai lu les papiers avec ma travailleuse sociale concernant le pilote, toutes les informations du bureau d’enquête et ça m’a aidé à comprendre mais j’aurais aimé le savoir plus tôt. » Justine, Québec

« Il y a toujours les questions : « Est-ce que j’aurais pu faire quelque chose pour l’aider? Si j’avais fait ceci, ça l’aurait tu changé quelque chose? » Ce sont surtout les questions aussi comme: « Qu’est-ce qui est arrivé cette journée-là? Qu’est-ce qui se passe dans sa tête? » C’est difficile d’avancer avec toutes ces questions-là. » Maika, Québec

 

Le futur sans mon père

Bouge ton corps

Marche ou cours pendant quelques minutes. Si tu n’as pas beaucoup d’espace, tu peux faire des sauts avec écarts ou courir sur place.

Y a-t-il un sport ou une activité que tu aimais faire avant? Si oui, essaie de t’y remettre. Si tu n’en as pas vraiment envie, vas-y petit à petit, ne serait-ce que cinq minutes à la fois, pour te rappeler les sensations que ça t’apportait.

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Fais le suivi de tes émotions

Toutes les émotions provoquées par le deuil sont naturelles, mais certaines sont plus difficiles à vivre que d’autres. Elles peuvent changer d’un instant à l’autre, ou alors sembler être là pour toujours. Cliquer ici pour découvrir des idées et des outils qui t’aideront à faire le suivi de tes émotions, afin de détecter les tendances et de pouvoir te rassurer.

Ou tu peux utiliser un journal sous forme de listes conçu par Sherry (en anglais).

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Se souvenir des proches

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Souvenirs et flashs peuvent se manifester à n’importe quel moment, ainsi quand tu fais des choses que vous faisiez ensemble ou que vous aviez espéré faire. Dépendamment de votre relation, il se peut que ce soit des choses que tu aimerais laisser derrière toi et certaines que tu aimerais garder, ce qui te permettra de rester proche de la personne.

Faire des choses sans eux

« J’ai fêter ma fête avec mon autre sœur, mais ça fait quand même bizarre, parce qu’elles ne sont pas là. » Victoria, Québec

« Je sais que mon père ne me verra pas quand je vais graduer de l’université ou des moments importants. Il ne sera pas là. » Justine, Québec

« T’sais que dans le fond, si tu changes quelque chose dans ton passé, le futur va être complètement différent. Si mon père avait été là, je ne serais surement pas allée à l’école secondaire que j’ai été, et je n’aurais pas rencontré mes amis qui encore aujourd’hui même si ça fait trois ans que j’ai gradué sont les piliers de ma vie. Je pense que de comprendre ça, je ne crois pas au destin, je ne pense pas que rien n’arrive pour rien, mais je pense que si je change ce truc-là, ben toute ma vie aurait été différente. » Roxane, Québec

Souvenirs qui s’en aillent

« J’aurais aimé ça savoir aussi que c’est normal qu’il y a des souvenirs qui s’en aillent pis qu’un jour c’est pas que tu n’as plus de peine c’est juste de la peine à être différent. Je le vis pas pareil. On dirait que t’oublies des éléments. C’est sûr que pour moi ça fait vraiment longtemps mais après très longtemps, t’oublies pas la personne. Tu as encore autant de peine qu’avant, mais ça se transforme un peu ton deuil. Ça j’aurai vraiment aimé savoir. » Alysson, Québec

« Je check des albums photos. Quand j’avais 5 ans, elles étaient tout le temps avec moi. Pis du jour au lendemain, elles ne sont plus là. C’est comme si on les oublie, mais on ne les oublie pas. Elles sont juste plus là. » Victoria, Québec

« Donc je me suis sentie coupable de ne pas me sentir aussi triste que je pensais que j’allais l’être, du moins pas le démontrer autant parce que j’étais très triste aussi. J’ai appris que c’est normal dans le fond pis que c’est, si ça c’était passé d’une autre façon probablement que j’aurais réagi d’une autre manière et ça l’a vraiment été d’accepter ça et plus le temps avance, mais ça m’arrive d’avoir une journée plus occupée et de me dire : « Hein je l’ai oublié aujourd’hui. » Pis ça ça été d’accepter que oui parfois ça l’arrive de l’oublier parce que tu es occupé, mais on dirait que je me sentais mal de me dire que je ne lui avais pas pensé aujourd’hui. » Anne-Sophie, Québec

Événements importants sans mon papa

Se sentir connecté

« Elle m’avait acheté cette bague-là, que j’ai toujours sur moi, pour ma graduation il y a deux ans. Pis elle est décédée avec dans les mains, je lui avais demander de garder ça. Je me dis qu’elle est toujours avec moi. C’est un peu comme ça que je l’ai vécu par après. Souvent, je vais lui parler dans l’auto ou ben je la garde toujours proche. » Anne-Sophie, Québec

« J’ai le coton ouaté de mon père, je l’ai gardé. Encore aujourd’hui je le mets pis vraiment c’est ce qui m’a le plus aidé je pense dans toute mon deuil. » Roxane, Québec

« Je me déguisais beaucoup pendant mes présentations orales parce que mon père aimait beaucoup le théâtre, de faire des personnages et c’est quelque chose que j’ai gardé. Pour toutes les autres c’était ridicule, mais pour moi c’était important de me rappeler de lui de cette manière-là. Je pense que d’en avoir parler j’ai vraiment découvert des facettes de mon père que je ne connaissais pas avant quand j’étais plus jeune et je me suis plus sentie acceptée dans ma famille. » Roxane, Québec

Planifie

Le deuil peut se faire sentir encore plus lors des dates importantes ou des événements spéciaux, mais il peut aussi nous surprendre quand on ne s’y attend pas. La planification peut t’aider à te préparer en vue des grands jours. Ainsi, tu n’auras pas à trouver une solution dans le vif du moment, pendant que tu te sens très mal.

Cliquer ici pour découvrir des idées qui pourront t’aider à te préparer aux moments difficiles.

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Je garde des objets qui me réconfortent

Les garder près

« J’ai toujours une photo de ma sœur dans ma chambre…de la voir, pis de savoir qu’elle est présente avec moi. Ma mère a gardé beaucoup de choses d’elle pi on a pleins de boites remplis de ces choses à elle. Ce sont des boites où il y a plein d’objets qui lui appartenait que ma mère ne veut pas nécessairement se débarrasser… des photos, souvenirs, des affaires comme ça. » Rosalie, Québec

« Mon père était très manuel donc je veux faire comme lui. Je sais qu’il chassait alors j’ai commencé à faire mes cours pour apprendre à la chasse et de parler à ses amis à lui aussi avec qui il partait à la chasse. Ça m’aide à passer au travers et à connaitre un peu mon père parce qu’il est quand même mort quand j’étais jeune. Donc, j’apprend à le connaitre avec des gens qui le côtoyaient souvent. » Justine, Québec

« Ma mère a gardé des vêtements de mon père parce qu’il est mort en service. Il était agent de la faune, et quand j’étais petite soit je le mettais comme pyjama soit je dormais avec, je faisais juste m’accoter. Ça c’était comme un réconfort ou quelque chose comme ça. Ça m’aidait quand je m’ennuyais surtout. » Justine, Québec

« Je lui écris de temps en temps des petites lettres et ça, ça m’aide à avoir l’impression qu’elle est toujours là, encore là en même temps. Que je peux quand même continuer à lui parler. » Camille, Québec

« J’étais très attaché à mon père, t’sais le fait de le garder dans ma mémoire et de le garder près de moi même si il n’était plus physiquement là. C’est surtout la musique qui m’a aidé, mon père écoutait beaucoup de musique, pi j’ai suivi ça, j’ai suivi sa passion. J’ai sa collection de CD, j’en ai peut-être au-dessus de 500 des cds, j’en ai beaucoup. C’est tout moi qui les as récupérés et ça me tient, ça me tient attaché à lui là. » Maika, Québec

Mon père me manque toujours

Utilise la musique 

Crée une liste de lecture. Choisis de la musique sur laquelle tu peux chanter, danser, sauter, crier ou pleurer, ou qui a une signification particulière pour toi ou en avait une pour la personne qui est décédée.

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Les familles et parents

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Les familles sont complexes. Chaque personne avait une relation unique avec la personne décédée, ainsi leurs propres sentiments, leurs propres moyens d’exprimer leur chagrin et d’y faire face. Les relations peuvent changer après un deuil ou peuvent devenir tendues lorsque certains d’entre eux veulent en parler plus que d’autres.

À un moment donné je me suis renfermée

Dynamique familliale

« Moi, je ressemble beaucoup à mon père, t’sais comme je suis la copie-conforme de lui. Maintenant à cause de ça, mon grand-père il ne veut plus me parler parce que ça lui fait trop de la peine pis c’est trop difficile. Surtout la famille à mon père c’est vraiment difficile pour eux, j’ai l’impression d’être retiré par eux. Ça, ça nuit beaucoup, parce que t’sais je les aime pareil! » Annabelle, Québec

« Ma mère remplit de bonne volonté et ayant juste un enfant – moi – elle a été me faire consulter, mais elle n’a pas pris du temps pour elle. Elle s’est comme oublié à travers tout ce processus de deuil là. Faque moi, j’accomplissais des démarches pis des étapes pour diminuer la tristesse pis toute ça, mais extérieurement avec ma mère c’était autre chose. C’est moi qui devais la rassurer, c’est moi qui… Les rôles étaient inversés si on peut dire ça comme ça. Ça ça m’a nuit parce que ça l’a pris un bon 3-4 ans avant qu’elle aille demander de l’aide. Parce qu’au moment donné, quand tu grandis, ben moi je suis plus affirmée parce que j’étais tannée d’avoir cette pression là sur les épaules. Je lui avait dit peut-être d’aller consulter. Je me sentais un peu mal mais ça l’a vraiment changé les choses après. » Audrey, Québec

« Ça m’a aidé beaucoup d’aller à l’église, aux funérailles, de voir le corps de ma sœur, l’enterrement pis et de voir toute ma famille réunie. Mes parents sont séparés pis c’est du côté de ma mère en fait parce que je n’ai pas le même père que ma sœur. Je n’avais pas le même père. Vu que le père de ma sœur était pas présent, c’est comme mon père qui l’a élevé. Donc ça l’a fait un rassemblement de toute ma famille chez ma mère et la famille de mon père qui était là même s’il n’y avait réellement de lien sanguin avec. Ça m’a beaucoup aidé de voir que mes deux côtés de famille me soutenaient. Ma famille on est un peu éparpillé partout au Québec, pis juste de voir qui sont venus et de sentir que tes proches sont là pour toi.» Rosalie, Québec

« Ma mère était française donc sa famille, ma famille était en France en ce moment-là. Donc mon oncle est vraiment très touché par son décès en ce moment, pis comme on n’est pas vraiment proche, ben il ne réalise pas que moi aussi. Donc, ça arrive de m’envoyer des messages en me disant qu’elle lui manque et des choses comme ça, comme s’il y avait juste lui qui était touché par ça et ça, ça me nuit, à ce moment-là. » Camille, Québec

teen reveal

Parle à une personne de confiance 

Si tu as envie ou besoin de parler, mais que tu ne sais pas comment t’y prendre, tu pourrais dire :
J’ai besoin de parler, mais…

  • …je ne sais pas quoi dire.
  • …c’est vraiment difficile. Penses-tu que tu pourrais m’écouter?
  • …je ne veux pas de conseils. Je veux juste que quelqu’un m’écoute.
  • …c’est vraiment difficile aujourd’hui. Est-ce qu’on peut parler de quelque chose de léger?

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En parler ou éviter le sujet en famille

« Je trouve que parler avec quelqu’un quand tu es en deuil, personnellement, j’ai trouvé ça vraiment très difficile. J’ai trouvé ça difficile de me faire comprendre et j’avais besoin d’avoir confiance en la personne mais j’avais un peu de mal. » Maëline, Québec

« Même encore aujourd’hui, c’est moi qui dois aborder le sujet, parce que des fois ça peut être un sujet plus tabou dû au drame que ça l’a laissé. C’était un accident, ils ont fait des recherches pendant plusieurs jours, donc ça été traumatisant quand même pour plusieurs personnes. Ça m’a nuit aussi parce que je me sentais toute seule à avoir cette peine là, mais je sais que les autres aussi le vivaient mais on ne s’en parlait pas. Faque ça c’était difficile. Pis aussi, en fait du côté de mon père, sa famille, mon grand-père est décédé aussi deux ans après et son frère, donc mon oncle est décédé un an avant. Donc en 5 ans les trois garçons de la famille sont décédés, faque on n’en parle pas nécessairement. » Justine, Québec

« Ma mère est tombée malade quand j’avais douze ans. Donc j’ai vraiment été là comme tout le long. Donc j’étais avec elle dans son parcours, donc de savoir ça pis d’être là ça m’a aidé là. » Camille, Québec

« Je trouve ça important que tu regagnes le contrôle, tu le dises si tu n’as pas envie d’en parler. T’sais, mon frère son deuil est vraiment différent du mien. Il n’en parle presque pas, presque jamais. Moi, au contraire, j’en parlais beaucoup. C’est ça je pense de respecter. J’ai respecté le sens de mon frère, mais lui il a respecté aussi le fait que j’en parle souvent. » Roxane, Québec

« Quand j’en parle, moi, ça me rappelle des bons souvenirs parce que ça fait quand même longtemps. J’avais neuf ans quand il est décédé par suicide. Ça me permet de se rappeler des souvenirs et les bons moments qu’on a passé ensemble. » Maya, Québec

« Souvent les gens, ils savent pas que ça fait vraiment du bien d’en parler. Ils pensent que ça va te faire plus de peine, on va éviter le sujet, on va essayer de trouver des nouvelles affaires pis on va faire comme si ça n’existait pas. Mais je pense pas que c’est ça qu’il faut faire. Je pense qu’il faut vraiment juste être là pour la personne. C’est vrai, c’est impossible que tu puisses comprendre si c’est pas votre vécu, même si c’est quelque chose de semblable, même quand tu as vécu quelque chose de semblable tu le vie pas pareil. » Alysson, Québec

« Autant il y a les questions désagréables où tu te dis : « Voyons, pourquoi il me demande ça?  » Autant le silence aussi peut être pire. Dans ma famille élargie, j’avais de la misère à en parler. J’ai été la seule qui a consulté pour ça. Mes cousins n’avaient pas été consultés et je ne savais pas si j’avais le droit d’en parler ou pas. Je consolais mon cousin, mais t’sais c’était mon père pis je ne savais pas si j’avais le droit d’en parler. Là on commence à plus en parler, mais parfois autant leur silence me faisait mal. » Roxane, Québec

Mes inquiétudes comme enfant

Familles reconstituées

« Certaines personnes vont me poser la question mettons ils vont me voir avec ma mère et là ils vont me dire : « il est où ton père? » Dans ce temps, je leur explique. Sinon il y en a qui croit que mon beau-père c’est mon père, pis je leur dit que non c’est mon beau-père mais que je l’aime pareil. » Anaïs, Québec

« Ma mère a un chum et lui il a deux enfants dont une fille. Parfois je la garde et je me dis « Hé tu ne prends pas ma place toi là. » J’ai vraiment de la misère parce que je vois qu’elle s’entend bien avec ma mère. » Rosalie, Québec

« Ma mère prenait des photos de famille mais avec mon beau-père après que mon père était décédé. C’était quand mon beau-père était dans les photos, ou juste dans les événements familiaux, je ne me sentais pas à l’aise. Je trouvais ça perturbant et je trouvais ça injuste que ce soit lui à la place de mon père. » Maika, Québec

Quoi dire quand quelqu’un dit…

Il peut y avoir pleines conversations gênantes ou difficiles quand tu es en deuil. C’est possible que les gens qui t’entourent ne savent pas quoi dire ou ils peuvent croire (ou espérer!) qu’en disant un tel chose qu’ils t’aident.

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Les ami.e.s et ton entourage

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Les ami.e.s et les pairs font partis de la vie en grand. Trouver des gens qui « saisissent » le deuil que tu vie peut être difficile. Il se peut que tu t’inquiètes pour les conversations par rapport le mort ou pour leurs réactions et comment ils vont te traiter après. Les gens veulent peut-être aider, mais ne savent peut-être pas comment le faire.

Le dire aux gens

« Je voulais réclamer ce droit-là de le dire à qui je voulais. Les gens qui étaient dans mes cours extra-scolaire donc qui était pas à mon école le savait pas. Pis des fois j’aimais mieux ça parce que je me sentais « normal ». » Roxane, Québec

« Quand je n’avais pas le goût de parler de mon père, je disais que mon père était souvent parti en voyage et que c’est pour ça qui ne l’avait pas vu à l’école. T’sais quand ce n’est pas tes amis c’est ce que je disais. » Roxane, Québec

« Avec les gens que je connais ça ne me dérange vraiment pas d’avoir des sujets-là, genre mes amis ou mon équipe de basketball. Mais avec des gens que je connais moins comme des gens de ma classe au secondaire, j’attends plus qu’il me pose la question parce que ça me mets plus mal à l’aise vu que je ne connais pas ces personnes-là. » Anaïs, Québec

« Je ne l’ai pas dit à tout le monde, surtout au secondaire quand les parents sont moins présents. Je disais que mes parents étaient séparés, j’en ai inventé des affaires là. T’sais moi mon école était quand même plus grosse pis je n’avais pas le goût d’en parler au « dude » qui est dans ma classe d’art dramatique que je vois une fois par semaine. T’sais je n’ai pas de relation avec toi, pourquoi je te dirais ça? Pis après ça, justement ce sont souvent ces gens-là qui posent après ça les questions les plus, pas non pertinente, mais qui manque de jugement face à leurs questions, face à leurs questionnements. » Roxane, Québec

« La façon qu’on l’a annoncé quand elle est morte, on était en petit comité avec elle donc on l’a fait par message Facebook avec elle. Donc on avait déjà prévenu l’entourage que quand ça allait arriver on allait le faire comme ça donc ça été quand même assez simple. On a écrit le message ensemble et la plupart de mon entourage était amis avec elle sur Facebook, même des gens à mon école parce que ma mère était très sociable et avec les matchs de mon frère il y a beaucoup de monde qui la connaissait. » Camille, Québec

« Je n’ai pas pu l’annoncer à beaucoup de gens dans mes propres termes. J’étais au primaire, l’école l’a su en moins de deux jours, ça l’a fait le tour de l’école. Au secondaire aussi, moi j’avais aussi de redevenir cette fille-là un peu bizarre que tout le monde sait que son père est mort. Je voulais vraiment recommencer et le dire quand j’allais être prête pis pas que tout le monde le sache. Pis la seule chose que le monde voit quand je dis « Salut je suis Roxane » c’est « ahhh ouais tu es la fille que son père s’est suicidé ». Pis le fait que quelqu’un d’autre qui avait été au primaire avec moi le disent à d’autres gens, moi pour vrai je suis allé la voir pi je lui ai dit : « non tu ne peux pas faire ça là. » Ça ne m’a vraiment pas aidé, je n’ai pas aimé ça. » Roxane, Québec 

Les moments où je suis le plus fragile

Ils ne se rendent pas compte

« On dirait qu’il y avait une incompréhension et peut-être de minimiser un peu le fait que c’est une grand-mère et que ce n’est pas ta mère, ce n’est pas ton père. Faque ça j’ai trouvé ça plate. » Anne-Sophie, Québec

« J’en parle pas ouvertement. Les 900 élèves de mon école qui savent mon histoire. Des fois je passe dans le couloir de mon école pis il y a un petit gars qui parle à un autre petit gars et il lui dit genre : « va te pendre ». Pis ça, j’ai de la misère avec ça parce que je me dis : « est-ce que tu sais vraiment ce que ça fait de perdre quelqu’un à cause d’une pendaison, t’sais un suicide c’est quelque chose qui est difficile à vivre. » Ce que je trouve encore difficile c’est qu’à chaque jour il y a des gens qui utilisent ce terme là comme si c’était un terme normal à utiliser. » Rosalie, Québec

« J’avais une seule amie et je pense qu’elle se rendait pas vraiment compte de ce que je vivais. Je pense qu’elle comprenait pas vraiment parce qu’elle avait le même âge que moi, pis elle avait pas vécu ça là. » Anaïs, Québec

« Le monde, ceux qui n’ont pas vécu ça, ils ne sont pas assez sensibilisés à ce que les autres peuvent vivre. » Maika, Québec

« Au début, il y avait plein de monde qui venait chez nous. Il y avait plein de monde qui venait nous porter à manger, il y avait toujours du monde. C’était pas vraiment le fun. On n’aimait pas tant ça parcequ’on ne pouvait pas vivre notre deuil tout seul. On n’avait pas le temps de se parler moi, ma mère, pis ma sœur. C’est comme si on sortait de notre zone de confort. C’est comme si je devais être « normale » pour que les gens ne nous prennent pas en pitié. » Annabelle, Québec

Partager quand tu veux

« Même encore aujourd’hui quand les gens me parlent de mon père, moi j’ai le goût d’en parler mais je sais que ça les rend mal à l’aise. Il y aussi le fait que les gens deviennent triste de ça pour moi, mais que moi, ça fait partie de ma vie maintenant. Je n’ai pas besoin de prendre leur peine sur mes épaules non   plus. » Justine, Québec

« Moi, j’ai comme pas eu de compréhension de mes amis parce que c’était une grand-mère et parce que c’était un « beau décès », si on le dit comme ça. On a été chanceux contrairement à d’autres que justement c’était plus subi. Mais c’était comme moche d’en parler avec des amis parce que tu n’avais comme pas de retour. » Anne-Sophie, Québec

« Je trouve que parler avec quelqu’un quand tu es en deuil, personnellement, j’ai trouvé ça vraiment très difficile. J’ai trouvé ça difficile de me faire comprendre et j’avais besoin d’avoir confiance en la personne mais j’avais un peu de mal. » Maëline, Québec

« Les gens vont me parler de mon père à l’école et j’évite un peu le sujet. Quand j’étais petite, mes amies me demandaient : « Ta mère, elle fait quoi dans la vie? » J’essayais d’élaborer pour pas qu’il ne vienne à me demander ce que faisait mon père dans la vie. Je ne voulais pas expliquer parce que je savais qu’après ça les gens étaient mal à l’aise et qu’après ça il me prenait en pitié. Et ce n’est pas que j’avais honte de mon père, vraiment pas de ce qu’il faisait. » Justine, Québec

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Relations qui se transforment

« Je voyais mes amis qui était avec leur père et qui se chicanait ou mettons qu’ils me disent… « Ah mon père m’énerve ». Moi, c’est important de dire je t’aime tout le temps parce que sinon je ne suis pas capable. » Justine, Québec

« Ma mère me le dit, elle me dit : « Toi, t’es mieux de ne pas t’en aller. Cette fois-là c’est toi qui m’enterres, ce n’est pas moi qui vais t’enterrer. » Elle me le dit ça depuis que je suis jeune. Je le dis à tout le monde : « je vais mourir après ma mère parce que moi ma mère a enterré une de ses filles. » » Rosalie, Québec

« Moi j’ai appris à vivre le moment présent parce que je pensais tout le temps à ce qui allait arriver dans 3-4 ans, le lendemain. Mais quand tu les perds, t’sais j’aurais comme pu profiter plus des moments que j’avais avec eux, pis je pensais toujours aux autres journées. Mais t’sais c’est rendu tellement important les moments en famille, tous ensemble. » Victoria, Québec

Ce qui a aidé

« À l’école j’écrivais sur ce que j’ai vécu et je pense que ça m’aidait juste à me comprendre moi-même, à me sentir comprise par moi même. » Anonyme, Québec

« Trouver des manières aussi de canaliser mon deuil m’a vraiment aidé. Je me déguisais beaucoup pendant mes présentations orales parce que mon père aimait beaucoup le théâtre, de faire des personnages et c’est quelque chose que j’ai gardé. Je pense que d’en avoir parler j’ai vraiment découvert des facettes de mon père que je ne connaissais pas avant quand j’étais plus jeune et je me suis plus sentie acceptée dans ma famille. » Roxane, Québec

« Ce qui m’a aidé…J’ai fait un projet dessus pour mon projet de fin du secondaire. Donc ça m’a permis de chercher des informations sur ce qui était arrivé, de vraiment comprendre dans le fond, ce qu’elle a ressenti, pi comment qu’elle est partie et ça, ça m’a vraiment aidé de savoir. » Camille, Québec

« Quand c’était le temps des activités à l’école, je voyais une psychologue ou travailleuse sociale et elle me faisait exprimer mes émotions à travers des jeux, des dessins des activités. Ça m’avait aidé aussi. » Anaïs, Québec

« Ce qui m’a beaucoup aidé pendant mon deuil c’était surtout d’avoir mes repères parce qu’avant je vivais avec mon père pis ma mère une semaine sur deux. Mais quand mon père est décédé, il a fallu que je déménage et que je sois avec ma mère à temps plein. J’étais en 6-ième année quand c’est arrivé, donc j’avais toutes mes amis du primaire que je connaissais depuis le début que j’ai laissé là-bas. Ça a été très difficile. C’était une nouvelle ville où j’avais jamais habité et où il fallait que je me refasse des amis. Après ça j’ai rentré au secondaire, ça l’a été encore plus difficile parce que j’étais complètement toute seule. Donc j’ai décidé que j’allais retourner dans ma ville et ma mère m’a laissé aller vivre chez une de ses amies. Quand je suis retournée, ça m’a énormément aidé parce que j’ai retrouvé toutes mes amis, mes repères étaient là, ma famille était aussi là pour m’aider. Ça m’a aidé à me relever et ça m’a aussi apporté de la confiance. » Maika, Québec.

« Je pouvais aller dehors pi je n’y pensais pas tout le temps, je faisais autre chose. Mais aussi je faisais des sports, je m’occupais, ça me permettait de penser à autre chose. » Anaïs, Québec

« Mes amis étaient plus jeunes mais beaucoup de mes amis ont essayé de m’aider, même s’il ne savait aucunement ce qu’était la mort. T’sais juste d’être là pis de te changer les idées. » Roxane, Québec

« Ça m’a aidé beaucoup d’aller à l’église, aux funérailles, de voir le corps de ma sœur, l’enterrement pis et de voir toute ma famille réunie.de sentir que tes proches sont là pour toi, pi de voir ma sœur une dernière fois dans son cercueil, de lui dire comme un dernier adieu, pis de l’avoir se faire enterrer dans terre, ça fait… pas que ça ferme la page mais ça t’aide à réaliser que c’est comme la fin. » Rosalie, Québec

Que dire quand quelqu’un te dit…

Il peut y avoir pleine de conversations gênantes ou difficiles quand tu es en deuil. C’est possible que les gens qui t’entourent ne savent pas quoi dire ou ils peuvent croire (ou espérer!) qu’en disant une telle chose qu’ils t’aident.

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Les commentaires des gens

 « Le monde, ceux qui n’ont pas vécu ça, ils ne sont pas assez sensibilisés à ce que les autres peuvent vivre. » Maika, Québec

 « C’est la banalisation de certains termes comme le mot cancer qui est maintenant utilisé parfois comme un adjectif. Mes amies disent ça quelquefois genre : « Ahh cette odeur-là c’est le cancer. Manger ça c’est cancer. » Ça c’est bizarre pour moi parce que à chaque fois que je l’entends, ça me ramène à ça. On dirait que les gens ne réalisent pas. » Camille, Québec

« J’étais souvent enfermé dans ma chambre, je déprimais beaucoup pis j’écoutais de la musique triste et je me morfondais beaucoup dans ma chambre, pis t’sais je pouvais être à cran et plus impatiente. Quand tu vis un deuil t’sais tu n’as pas envie d’être souriant tout le temps. T’sais on me disais : « Arrête de te morfondre, ça ne servira à rien ou mets-toi un sourire dans face. » Ça me fâchait beaucoup et c’est ça qui causait beaucoup de conflits avec mes parents. » Maika, Québec 

two teens

Être pris en pitié ou surprotègé.e

« On m’avait dit tu iras dire salut à ton grand-père et le lendemain ma mère me dit « Ah je ne veux vraiment pas que tu y ailles à cause de son état. Tu vas avoir une mauvaise image de lui pour la dernière fois. » Je ne lui ai jamais dit « bye ». J’ai dit à ma mère, lorsque ce sera ma grand-mère ne m’empêche pas. J’avais tellement de la haine envers elle…comme pourquoi tu m’as fait ça, pourquoi ? » Audrey, Québec

« Souvent les adultes en a la misère de te poser des questions ou juste écouter sur le sujet parce qu’ils essaient de l’éviter. Dans le fond il y a un petit peu de peur de t’en parler pour pas te faire mal, pas te blessé quand qu’il disent ça. Mais moi, ça me faisait juste du bien pouvoir m’ouvrir et pourvoir enlever la tristesse que j’avais. Parler de ma sœur, ça me faisait juste vraiment du bien. » Alysson, Québec

« Ce qui m’a nuit c’est le fait que j’ai senti qu’ils  m’ont trop protégé. De ne pas me dire la vérité. Pour eux c’était bien de faire ça pour moi, mais même encore aujourd’hui, c’est moi qui dois aborder le sujet, parce que des fois ça peut être un sujet plus tabou dû au drame que ça l’a laissé. C’est vraiment la surprotection et le fait de ne pas en parler qui m’a nuit un peu là-dedans. » Justine,  Québec

« Quelque chose qui a été dur… faire comprendre un peu aux gens face à mon deuil c’est que je suis pas le genre pas de petite fille qui va vouloir nécessairement que tous les gens me prennent en pitié ou quand j’ai la peine montrer ma peine aux gens. Ça m’a quand même bouleversé parce que c’était moi qui a de la peine mais je voulais pas le montrer. Parce que je pense qu’en deuil chaque personne va le prendre différemment. » Mia, Québec

« Je trouvais que vu que je l’avais vécu plus jeune, les gens ils me prenaient plus sous leurs ailes. Mais moi ce n’est pas de ça que j’avais besoin. Ça dépend aussi de chacun. » Justine, Québec

Intimidation et manque d’intimité

« Mon deuil c’est quand même bien passé, mais j’ai vécu beaucoup d’intimidation après. J’en vivais déjà un peu avant, mais là l’intimidation s’est vraiment fixée sur ton père qui s’est suicidé. Donc c’est vraiment devenu la raison pourquoi je me faisais intimider. Ça, ça ne m’a vraiment pas aidé, je pense que ça va de soi là. » Roxane, Québec

«Il y a eu de l’intimidation parce que quand mes profs l’ont su, ben il y a eu beaucoup de favoritisme envers moi plus qu’envers les autres élèves. Pis là, les autres élèves étaient jaloux. Donc, il y a eu beaucoup d’intimidation et ça ça m’a suivi pendant 4 ans de temps. » Victoria, Québec

« Il y aussi que tout le monde l’a su parce que ça a passé aux nouvelles. Il y avait plein de journaliste chez nous le soir-même tout le monde savait. Donc il y avait ça, pis il y avait le questionnement des autres élèves. Ils ne savaient pas vraiment ce qui s’était passé, mais les questions étaient comme inappropriées. T’sais, savoir comment mes sœurs étaient mortes, avec quels outils. Quand il venait me poser des questions, ils ne se demandaient pas comment moi je me sentais face à ça. Ils voulaient juste savoir ce qui arrivaient, pis après aller le dire à tout le monde. T’sais on arrivait à la polyvalente cette année, ça l’a quand même été difficile parce que ça m’a ramené des souvenirs en fin de compte, tout le monde me posait des questions. Un moment donné il y a quelqu’un qui ne me connaissait même pas qui est venu me voir pis qui m’a dit : « toi tes sœurs sont mortes. » C’est comme pas la manière d’aborder quelqu’un en deuil là. » Victoria, Québec 

Tu n’es pas seul.e

« Ce n’est jamais facile, même 8 ans après c’est difficile la perte d’un proche. Moi, ce qui m’aide beaucoup c’est que toutes mes amis sont au courant, ben toute mes amis très proches. Lorsque c’est l’anniversaire de sa mort, la journée où ce qu’elle est décédée, ben souvent mes amis ils sont là pour moi. Ma mère à l’écrit sur Facebook pi mes amis commentent ils savent que j’ai besoin d’eux, pis ils sont toujours là pour moi. Je trouve ça important que mes amis soient là. Être une amie de quelqu’un qui vit ça, c’est vraiment important d’être là. » Rosalie, Québec  

« J’étais la seule de mon école avec mon frère qui avait perdu mon père, pis tout le monde te regarde comme un extra-terrestre. Là tu te rends compte que tu n’es pas un extra-terrestre, qu’il y a d’autres gens qui vivent ça. » Roxane, Québec

« Ça été plus au secondaire et à la fin du primaire que moi je l’ai plus expliqué et moi ça m’a fait du bien d’en parler. Je recevais de la pitié des fois et ça c’est moins ce que je voulais et d’autre fois au contraire, les gens s’intéressaient à ça pis ben voulait me poser des questions. Moi ça me dérangeait pas. Quand il y a quelqu’un qui connait l’histoire au complet, si j’avais besoin de me référer à quelqu’un, ben j’allais aller vers cette personne-là. Même s’il n’a pas vécu de deuil cette personne, elle allait savoir comment je me sentais pis tout ça. Même si elle n’avait pas perdu son père ou quelqu’un proche d’elle, mais qu’elle sache tout et que ça l’intéresse quand même à cette partie-là de moi ben ça, ça m’aide. » Justine, Québec

« Ce que j’en retiens de cette expérience là c’est qu’on n’est pas seul au monde même si on se fait lancer dans le deuil comme si c’était une planète extraterrestre où faut tu combattes toute seule. Ben moi, je le voyais comme ça. C’est ça donc, tu n’es pas toute seule et tu vois qu’il y a des gens qui sont capable de parler à travers ce que tu as vécu, même si leur situation n’est pas pareil. » Audrey, Québec

Le soutien des amis

Demande de l’aide

Ça peut être très difficile de demander de l’aide, mais tu peux appeler ou texter une personne en qui tu as confiance ou un centre d’écoute et dire quelque chose comme « j’appelle/je texte parce que j’ai besoin d’aide », puis :

  • Je ne sais pas quoi dire ni comment expliquer ce que je sens, mais je ne me sens pas bien.
  • Je sens que c’est vraiment trop pour moi, je pense que ça m’aiderait de parler à quelqu’un.
  • Je ne me sens pas moi-même depuis quelque temps.
  • Je pense à me faire du mal.

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L'école et tout ce qui en fait partie

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Ce n’est pas toujours évident être à l’école après le décès de quelqu’un. Ça peut être étrange voir comment les choses se déroulent « comme toujours » lorsque toi, ton deuil te donne l’impression que les choses (ou même toi) ont changé. Il se peut que tu trouves que c’est difficile de te concentrer, de protéger ta vie privée ou de demander de l’aide qu’il te faut à l’école.

Retourner à l’école

« Pour moi, retourner à l’école vite ça m’a aidé parce que j’avais autre chose à penser tandis que si je restais à la maison, ben j’aurais tout le temps pensé à ça. J’aurais tout le temps eu de la peine, tandis qu’à l’école je pouvais jouer, j’avais mes amis, j’allais jouer dehors avec eux, je faisais d’autre choses. » Annabelle, Québec

« Le lendemain j’ai décidé d’aller à l’école, pour moi c’était vraiment important de garder ma routine. Donc, j’ai dit : « Non, maman, Il faut que je retourne à l’école. Si je retourne pas à l’école tout le monde va se poser des questions. » Je suis quand même arrivé en retard parce qu’il fallait que ma mère l’annonce à l’école avant et quand je suis arrivé là ils ont fait l’annonce un peu à ma classe pourquoi j’avais le droit de dessiner au lieu de lire un livre comme tout le monde. Ils m’ont fait une carte. » Roxane, Québec

« Moi, je suis restée à la maison parce qu’à ce moment-là ma mère était déjà repartie à l’hôpital aux soins palliatifs. Donc je suis restée à la maison-là et je suis pas allée à l’école. Dans le fond j’ai passé quelques examens et ma directrice a décidé de me mettre en congé plus tôt. Donc j’ai été à l’école peut-être juste 1 semaine après son décès. Après ça je suis restée en congé prolongé pendant l’été. Je pense que ça ne m’a pas beaucoup aidé. Je pense que j’aurais préféré de rester à l’école parce que de cette façon-là j’ai pu moins voir mes amis quotidiennement et ça je pense que c’est ça j’avais de besoin. Je me suis retrouvé vraiment avec moi-même parce que mon père il était retourné au travail parce que lui il avait aussi pris tous ces congés possibles pendant ce qui arrivait. Donc je me suis comme retrouvé toute seule. Des fois mes amis avaient des projets pis moi je n’avais vraiment pas ça. Je pense que ça ne m’a pas aidé. » Camille, Québec

« Mon père est décédé quand j’avais 5 ans et j’étais en maternelle. Quand je suis revenue des cérémonies pis toutes, quand je suis revenu à l’école, mon prof voulait que je parle de mon histoire devant la classe. Et je pense que ça a fait comprendre aux gens que ce sont des choses qui arrivent. » Anaïs, Québec

« Quand je suis revenue à l’école après quelques semaines, ils avaient fait une carte. Toute ma classe m’avait fait une grande carte. Mais après, les gens au primaire il parle plus de ça, et c’est comme si de rien était. Faque tu recommences à jouer, à récréer pis à dîner avec tes amis comme si c’était normal. Ça m’a aider surtout avec ce qui venait d’arriver qui n’était pas normal, ben normal… mais pas normal en même temps. » Rosalie, Québec

On m'a entourée à mon retour à l'école

Concentration

« Pour moi, les semaines après d’école c’était un désastre. Je n’étais pas capable de me concentrer plus que 2 minutes. » Rosalie, Québec

« Il est décédé le 5… donc le début du mois de novembre c’est plus difficile. Donc pour moi, mettons le 5 novembre, à l’école ou au travail, j’essayais… ben ça tombait des fois des journées pédagogiques ou dans des journées de fin de semaine. Mais des fois ma mère faisait une exception pis elle me laissait congé pour le 5 novembre mais pas trop longtemps non plus parce que sinon j’y pensais trop, j’étais trop triste. De prendre une journée où je pense à moi, où j’ai pas de questions comme « Ahh pourquoi tu es triste, pourquoi… ? » Ben, juste de prendre une journée comme ça pis après ça je reprends ma routine normale. Juste une journée que je mettais sur pause pis après ça je continuais pis ça me faisait du bien. Je pense que c’est progressif aussi. Ben, en tout cas c’est ce que je pense parce que sinon tu n’es pas concentré à une place. Ça fait que tu es dans ta tête, pis que tu n’es pas concentré à 100% à une  tâche. » Justine, Québec

Motivation

« Mais ça était tough parce qu’il faut avoir la confiance pour te confier à un adulte, donc c’était dur pour moi de faire confiance. Pis c’était au début, comme le premiers six mois quand c’était vraiment tough. Je voyais plus le but. J’étais vraiment rendue low pis je ne voulais plus manger, je ne voulais plus aller à l’école, j’étais plus motivée. J’ai eu vraiment de la difficulté à trouver la motivation pis… J’étais vraiment comme dans ma tête à moi pis rien allait. » Mia, Québec

Quoi dire quand quelqu’un dit…

Il peut y avoir pleines conversations gênantes ou difficiles quand tu es en deuil. C’est possible que les gens qui t’entourent ne savent pas quoi dire ou ils peuvent croire (ou espérer!) qu’en disant un tel chose qu’ils t’aident.

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teen hiding grief

Montrer ses émotions

« Ben encore à normaliser…tu as le goût de pleurer. J’ai déjà pleuré pendant un film à l’école au secondaire pis je suis sortie de la classe parce qu’il y a un père qui retrouvait sa fille. Mais ce n’était pas grave. Je suis sortie de la classe, mais j’avais le droit de pleurer et c’était correct. Les gens dans la classe étaient mal à l’aise. J’aime mieux sortir ma peine là plutôt qu’après en anxiété, en colère, en whatever. » Justine, Québec

« Je pense que les gens qui sont proches de toi et à qui tu fais confiance doivent être au courant pour comprendre certaines réactions. Quelquefois je l’expliquais après coup quand j’avais eu une grosse réaction, : « Hé scuse, je t’ai vraiment répondu de façon bête, ça ne va vraiment pas aujourd’hui, pis je suis affecté par ça. » T’sais ça va avec les émotions du quotidien, ce n’est pas juste rattaché à la mort. » Roxane, Québec

 Résilience

« Moi, ça m’a appris pour vrai que j’étais plus forte que je le pensais. Le mot que j’ai appris dans mon deuil c’est résilience. J’ai vraiment appris que j’étais une personne résiliente. T’sais, je suis retournée à l’école tout de suite pis ça m’a aidé là-dedans. Ce que j’ai compris c’est que pour moi ce qui allait m’aider c’est de retourner à ma routine pis de pas défaire cette routine-là. J’ai beaucoup appris à me connaitre là-dedans. J’ai toujours été connecté à mes émotions, mais ça m’a vraiment aidé à me connecter sur mes émotions. » Roxane, Québec

« Quand ça était dur pour moi les derniers mois, mais je me suis “pas abandonnée” et je suis fière de pas abandonné. Pis je me suis dit comme que j’allais pas abandonné pis j’allais resté justement pour mon père qui aurais aimé être ici pis surtout faut pas que j’abandon. » Mia, Québec

« J’ai vraiment appris que j’étais une personne résiliente. Je suis retournée à l’école tout de suite et ça m’a aidé là-dedans. Mais t’sais, ce que j’ai compris c’est que pour moi ce qui allait m’aider c’est de retourner à ma routine pis de pas défaire cette routine-là. J’ai beaucoup appris à me connaitre là-dedans. » Roxane, Québec

dealing with grief at school

Trouve le calme

Quand on vit un deuil, on a parfois l’impression qu’un volcan est sur le point d’exploser. Ça peut être utile de connaître quelques trucs que tu peux appliquer quand ça arrive tout à coup à l’école (ou ailleurs!). Ces trucs peuvent t’aider à retrouver le calme, le temps d’aller ailleurs pour pouvoir laisser sortir tes émotions.

Cliquer ici pour découvrir des moyens de trouver le calme.

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Conseils des ados pour ados

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Le deuil de chacun est une expérience unique. Il n’y pas de « bonne » façon de se sentir ; ce qui aide une personne ne va peut-être pas aider l’autre. Les jeunes ont partagé ce qui les ont aidé et des conseils selon leur vécu qu’ils, en espérant que tu vas peut-être trouver quelque chose qui vaut le coup d’essayer.

T’écouter et savoir que tu es normal.e

« T’écouter et de savoir que tu es normale. Tu t’écoutes quand tu as le goût de pleurer, tu pleures, quand tu es fâché, tu es fâché, quand tu n’as pas le goût de parler, tu n’as pas le goût de parler et que tu es normale là-dedans. » Justine, Québec

« Même quand tu es entouré des autres ce n’est pas facile de vivre en famille, d’être toujours en bonne humeur, ce n’est pas facile. Ça mettait un peu ma mère à boute de me voir tout le temps de mauvaise humeur, mais en même j’avais besoin de les vivre et c’est normal de vivre de la colère, pis de la tristesse. Le fait qu’elle me disait de cacher ça, ça m’avait beaucoup nuit. » Maika, Québec

« Je disais que je faisais de l’anxiété et je prends des médicaments pis ça été rough à l’accepter avec tout ça. C’est correct si tu prends des médicaments, tu peux les prendre pour une petite période. T’sais, moi ça me faisait peur de prendre des médicaments. Je me disais : « Ben voyons il y en a plein qui passe le deuil comme ça, ils n’ont même pas besoin de médicaments, ils n’ont même pas besoin de consulter. » et tout ça. Mais quand tu es suivi, il n’y a pas de problème et ça se peut que ce soit normal. Quand quelqu’un qui a un problème de santé mentale ou d’anxiété, c’est comme quelqu’un qui a du diabète, c’est correct de prendre de la médication. » Justine, Québec 

S’écouter et d’y aller à son rythme

« C’est important de s’écouter et d’y aller à son rythme. Moi ça fait 15 ans et je le vis encore quand et quelque fois j’ai encore des moments plus down et c’est correct. C’est ça que j’ai aussi appris que ça ne se réglerait jamais, que tu vas toujours y penser pis que tu vas toujours avoir un moment de tristesse. » Justine, Québec

« Si j’ai envie d’en parler, j’en parle et si je n’ai pas envie d’en parler, ben je n’en parle pas, pis c’est tout. Mais c’est ça, si j’avais un conseil ça serait vraiment d’y aller avec ce que tu ressens là. Le gens sont pas obligé de le savoir pis dans le fond tu fais ce que tu veux, tu le dis ou tu ne le dis pas. C’est toi qui vois. » Maika, Québec

« C’est de vraiment structurer ma journée vraiment comme je le veux. Donc si j’ai envie de travailler, si j’ai le goût de prendre congé, je vais prendre congé, si j’ai le goût d’aller au cimetière ou de déjeuner avec ma mère. Je vais comme en faire ma journée pour que ce soit au moins plaisant pis avoir des choses que ne me tente pas de faire. » Justine, Québec

youth coming together support

Parler aux gens

« Je trouve ça important que tu regagnes le contrôle, tu le dises si tu n’as pas envie d’en parler. T’sais, mon frère son deuil est vraiment différent du mien. Il n’en parle presque pas, presque jamais. Moi, au contraire, j’en parlais beaucoup. C’est ça je pense de respecter. J’ai respecté le sens de mon frère, mais lui il a respecté aussi le fait que j’en parle souvent. » Roxane, Québec

« Il y en a qui ça fait mal de parler de leurs expériences mais moi ça me fait plus de bien parce ce que j’aimerais mieux que les gens y sachent ce que j’ai vécu pour qu’ils comprennent. » Anaïs, Québec

« Souvent les gens, ils savent pas que ça fait vraiment du bien d’en parler. Ils pensent que ça va te faire plus de peine, on va éviter le sujet, on va essayer de trouver des nouvelles affaires pis on va faire comme si ça n’existait pas. Mais je pense pas que c’est ça qu’il faut faire. Je pense qu’il faut vraiment juste être là pour la personne. C’est vrai, c’est impossible que tu puisses comprendre si c’est pas votre vécu, même si c’est quelque chose de semblable, même quand tu as vécu quelque chose de semblable tu le vie pas pareil. » Alysson, Québec

« Ce que je conseillerais aussi à quelqu’un est de cibler des personnes de soutien. Comme si tu as quelque chose, le besoin de parler, ça peut être deux personnes, ça peut être une personne, ça peut être cinq personnes. Mais au moins en avoir une dans ta famille, une dans tes amies, une dans toutes les sphères de ta vie parce que comme s’il y a quelque chose ben t’a quelqu’un. Juste si tu es triste pis que tu dis c’est en lien avec mon père ben la personne va comprendre. » Justine, Québec

« Mais honnêtement, ce qui m’a le plus aidé c’était demander à mes amis ou ben beaucoup de mes amis parce que ma famille, c’était tough me confiait à eux. Ma mère, par exemple, elle allait se mette à pleurer, puis était quand même émotive. Ça fait que je suis allée plus vers mes amis ou des intervenants. » Mia, Québec

« Je dirais parles-en, parce que j’ai toujours voulu voir le meilleur côté de moi si on peut dire ça, t’sais le : « Ahh, ce n’est pas grave, ahh c’est correct, bla bla bla. » Moi je suis comme dans une famille où ce que l’humour elle a vraiment sa place pis ça passait toujours là-dedans. C’était tout le temps de l’humour, jamais de la peine, jamais de… comme je disais tantôt je parle en ce moment mais je vis de quoi. » Audrey, Québec

« J’étais pas vraiment motivée à parler. Je pensais que parler avec quelqu’un de ce que je ressentais, ça allait pas faire que je me sens mieux ou que ça allait rien changer. Alors moi je trouve m’avais un peu comme dérangé qu’on impose de parler avec quelqu’un. Mais maintenant c’est mieux. » Maëline, Québec

Les émotions des autres

« C’est vraiment difficile de parler de ça avec ma mère parce que c’est sa fille, donc c’est vraiment un sujet sensible. À chaque fois qu’on en parle, c’est presque sûr qu’elle va se mettre à pleurer et moi si ma mère pleure c’est sûr que je vais me mettre à pleurer et on pleure les deux dans le char. T’sais des fois c’est compliqué d’en parler à tes proches parce qu’ils sont autant ou plus sensible que toi et tu ne sais pas c’est où la limite où tu peux leur en parler tandis qu’avec une personne comme toi qui n’est pas dans cette situation-là, tu peux aller où ce que tu veux. » Rosalie, Québec

« La réaction des proches autour on pourrait ajouter aussi. Mettons que ma mère pleure; ben moi, je vais tasser mes émotions pour comme plus d’empathie. » Justine, Québec

photo of teen at school

Participer aux groupes de soutien

« Au début, c’est beaucoup les groupes qui m’ont aidé. J’ai fait des rencontres individuelles aussi avec avec une travailleuse sociale et j’ai fait aussi un groupe. Ça m’a vraiment aidé. » Roxane, Québec

« Qu’est-ce qui m’a aidé en gros c’est que tu vois que tu n’es pas toute seule. J’avais 11 ans et toutes les autres avaient comme 16-17 ans ont était pas tous rendu à la même place, mais on vivait la même chose, mais différemment. C’était leurs parents, moi c’était mon grand-père mais comme il y avait comme une connexion je dirais qui s’est faite. Je pense que c’est la chimie et l’ambiance qui avait autour du groupe, comme le respect. En gros, c’est de voir que tu n’es pas seule là-dedans. Au début, moi j’étais vraiment réticente à y aller parce que j’ai comme pas rapport. T’sais, les premières rencontres tu es gêné et finalement tu te rends compte que tu as ta place pis que toi aussi tu as vécu quelque chose de difficile pis t’sais d’en parler, ça vraiment fait du bien. » Audrey, Québec

« Deuil-Jeunesse ça m’a aidé beaucoup parce que j’ai pu en parler avec d’autres gens. Quand je rencontrais d’autres gens ben je leur en parlait et je pense que ça m’a aidé aussi. » Anaïs, Québec

Souvenirs et rituels

« Des fois, c’est juste des clins d’œil dans la journée. Des fois, ma mère me raconte des choses qu’elle a vécu avec mon père quand ils étaient ensemble et juste ça moi ça me fait du bien c’est comme un hommage, on se rappelle. » Maika, Québec

« Moi, je lui écris aussi, je lui écris de temps en temps des petites lettres et ça ça m’aide à comme avoir l’impression qu’elle est toujours là, encore là en même temps, que je peux quand même continuer à lui parler. Donc c’est ça. » Camille, Québec

« Récemment, je vais au cimetière à peu près à chaque mois, pis je fais juste m’asseoir par terre, ben quand il fait beau, tu parles dans ta tête. Il y a une affaire qu’on faisait avec ma mère c’est que tu donnes un bec sur tes doigts et que tu passes ta main sur son nom. » Justine, Québec

« Moi, j’y parle dans ma tête et je lui dis que je m’ennuie et que je l’aime et la personne va t’entendre. Moi j’embrasse souvent sa tombe. C’était comme un petit rituel au cimetière. » Rosalie, Québec

« Des fois je me mets devant la fenêtre et je parle à mon père, comme je lui dis comment va ma vie en ce moment. » Anaïs, Québec

« Moi, c’est un objet, mais que je porte sur moi. Comme ça, si je m’ennuie, ben je vais jouer avec mon collier. C’est sa pierre de naissance, mais ce n’était pas à lui. J’ai mon collier que quand je travaille, il faut que je l’enlève pis sinon j’ai un tattoo pis lui il représente mon père aussi. C’est un arbre. Ben, c’est l’arbre de la vie pis ce sont mes racines. » Justine, Québec

« C’est ma grand-mère qui m’a donné mon collier et les boucles d’oreilles avec des papillons parce que dans ma famille, on dit souvent que quand il est mort il s’est transformé en papillon, donc c’est pour ça. » Anaïs, Québec

« Dans le fond, j’ai une sœur, mais ma sœur elle avait une jumelle sauf qu’elle est décédé au début, ben pas tôt dans la grossesse, mais dans le milieu. J’ai un tatouage qui représente une flèche pis j’ai écrit son nom en morse en dessous. » Camille, Québec

C'était bon de reprendre nos activités normales

Exprime-toi 

As-tu déjà entendu dire qu’il faut « faire sortir le méchant »? Lorsque l’expérience du deuil est très intense ou qu’une pensée, une émotion ou un message veut sortir, tu peux essayer de l’exprimer par la musique, l’écriture ou l’art, ou en fabriquant quelque chose! Parfois, quand on laisse sortir ce qu’on gardait en dedans, ça rend aussi les liens avec la personne décédée plus visibles ou concrets.

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Quand on ne peut pas ou ne veut pas le verbaliser

« Ce qui m’a aidé ce n’était pas vraiment de parler. C’était plus des trucs parce que j’étais plus toute seule. J’aimais mieux être toute seule avant, je n’aimais pas ça en parler. J’ai comme des feuilles que j’écrivais des affaires dessus. » Annabelle, Québec

« Ce qui m’ai aidé aussi c’est d’en parler. J’ai commencé aussi très jeune à aller voir Deuil-Jeunesse. C’est arrivé quand j’avais 3 ans et demi, quatre ans pis a 5 ans ma mère a vu une conférence d’une travailleuse sociale et j’ai commencé à la rencontrer. Déjà à 5 ans je n’étais pas capable nécessairement de verbaliser et tout ça mais je faisais des dessins, je disais où que je croyais que mon père était. » Justine, Québec

« Ça été comme cette année que j’ai compris que je n’étais pas obligé d’en parler parce que je répondais à absolument tout le monde. Je me suis tanné pis ça m’a fait plus de mal que n’importe quoi. On n’est vraiment pas obligé d’en parler, ça m’a fait du bien. C’est de comprendre que tu n’es pas obligé d’en parler. Moi ça été tard avant que je le comprenne, mais si je l’avais su plus tôt, ben, ça serait peut-être mieux. » Victoria, Québec

« Quand je suis arrivé au secondaire ben je n’ai rien dit, j’ai fait comme si ça ne paraissait pas. Quand ma meilleure amie est venue la première fois chez moi, elle s’est posé des questions pis toute et j’y ai répondu pis là, elle s’est zéro intéressé à ce que je disais. C’est là que je me suis fermé pis que j’ai faite : « Ok le monde ne s’intéresse vraiment pas à ce que je dis ». C’est à partir de ce moment-là qu’à chaque fois que quelqu’un venait chez moi, je disais « Ahhh non, il n’est juste pas là… Ahhh non, il est juste parti. » Pis là la première personne qui le sait depuis ce temps-là, c’est mon chum et ça lui a pris longtemps avant qu’il le sache. Faque si j’avais un conseil à donner, c’est juste de pas le cacher. » Annabelle, Québec

dealing with grief
Ce que je dis à une personne qui vit une perte

Trouver l’équilibre dans l’évolution des choses 

« Admettons de se créer une bulle. Dans le sens que quand tu t’ennuies tu vas dans ta bulle chercher les choses que tu as de besoin. Après ça, quand tu vas mieux, mais tu sors de ta bulle. Ben ça pourrait être ça aussi, quand je faisais des genres de puzzle avec ma travailleuse sociale, elle disait de faire ça dans un endroit calme. Donc soit un endroit où tu es bien avec la personne ou quand tu sais pu comment penser ou au moins un endroit calme. » Justine, Québec

« Surtout quand on est plus jeune c’est tough de prendre un rôle. T’sais tu perds quelqu’un, mais il faut que tu joues deux rôles : que tu complètes ta partie mais que tu continues la tienne et que tu vives aussi ton deuil en même temps. » Justine, Québec

Aider les autres

« Je pense que même si on a vécu des affaires difficiles on peut quand même aider les autres pour que ce soit moins difficile pour eux. » Annabelle, Québec

« Aider les autres, ça m’a vraiment aidé. En présentant mon livre, je parle ouvertement de la mort. Après ça, il y a une fille qui m’a écrit qu’elle a pensé à moi après ça. Son père est décédé en février et tout de suite elle m’a écrit. Le jour d’après elle m’a écrit : « Ok je veux qu’on en parle, je veux que tu m’aides. Je me souviens que tu avais dit à la classe que peu importe que ça fasse une journée, que ça pouvait être demain ou dans 10 ans et que tu allais toujours être là ». Le fait qu’elle soit venu me chercher, ça m’a vraiment aidé et je pense que ça l’a aidé aussi de continuer. Mon expérience va en aider d’autres comme on fait en ce moment. Ça m’aurait aidé de savoir que malgré le fait que je sois triste, je peux aider d’autres personnes à se sentir mieux ». Roxane, Québec

« C’est le fun aussi de pouvoir aider d’autres monde. Moi j’aurais aimé ça me faire aider dès que j’étais petite. Une chance qu’il y avait Deuil-Jeunesse. » Justine, Québec

Je m'implique pour sensibiliser au deuil

Connecte-toi à d’autres qui sont en deuil

« De parler en gang, ça fait du bien. On a ri en même temps que de parler de deuil… ça fait du bien. » Rosalie, Québec

« J’avais des groupes avec d’autres jeunes que je pouvais en parler pis je me sentais compris dans le fond là. Donc ça, ça m’a vraiment beaucoup aidé. » Maya, Québec

« C’est triste mais j’ai retrouvé une amie du primaire qui elle venait de perdre sa mère alors que moi je venais de perdre mon père pis ça m’a vraiment aidé à me faire des amis qui vivaient la même situation que moi, à montrer que je n’étais pas toute seule. » Roxane, Québec

Savoir bien s'entourer

Accepter de l’aide

« J’ai eu les gens qui sont là pour m’aider, qui sont là pour moi. L’intervenante que je voie à Deuil jeunesse justement m’a vraiment aidée à évoluer dans mon deuil et je continue d’évoluer dans mon deuil. Pis je pense que c’est vraiment une des choses qui m’aide le plus en ce moment. » Laurie

« J’ai découvert vraiment qui étaient les bonnes personnes avec qui je pouvais en parler, avec qui je me sentais comprise pis en qui j’avais confiance parce que ce n’est pas à tout le monde. Tu sais en grandissant on comprend que ce n’est pas à tout le monde à qui peut avoir confiance. » Maya, Québec

Fais le suivi de tes émotions

Toutes les émotions provoquées par le deuil sont naturelles, mais certaines sont plus difficiles à vivre que d’autres. Elles peuvent changer d’un instant à l’autre, ou alors sembler être là pour toujours.

Cliquer ici pour découvrir des idées et des outils qui t’aideront à faire le suivi de tes émotions, afin de détecter les tendances et de pouvoir te rassurer.

Ou tu peux utiliser un journal sous forme de listes conçu par Sherry.

D'autres ideés

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Accompagner les ados endeuillés

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Chacun vit son deuil différemment. Ce qui aide une personne n’aide pas forcément un autre, mais il existe des thèmes qui s’appliquent à tout le monde. Les jeunes en deuil ne veulent pas être traités différemment à cause de leur deuil ; ils veulent que les gens fassent preuve de patience et compassion, et ne s’attendent pas à ce qu’ils partagent leurs pensées ou sentiments.

Pour les ados qui soutiennent un pair endeuillé
Mon entourage est au courant
teenagers reflecting
Témoigner pour aider d’autres jeunes

Soutenir les autres

« Éviter des mots comme « tu dois », « ne fais pas » ou « ce n’est pas normal » quand tu parles avec quelqu’un endeuillé. » Camille, Québec

« On sait… ben on ne sait pas…mais on sait à peu près qu’il ne faut pas trop que tu entres dans sa bulle. Tu as tout le monde qui lui fait des câlins à l’école pis là les gens ils disent tu es ben méchante, pis là tu es comme non, je sais ce qu’elle vit, je sais que ce n’est pas ce dont elle a besoin. Si elle vient de perdre son grand-père hier, ce n’est pas le temps de lui poser des questions. » Rosalie, Québec 

« Mettons-moi je sais que je n’aime pas ça me faire envahir de questions pis de « T’es-tu correcte… nanana? » Donc, je vais juste voir la personne et je lui dis: « Si tu veux parler, je suis là pis tu m’appelles ou tu me textes quand tu veux. » Juste de savoir que quelqu’un est là. » Justine, Québec

« On le vit tous différemment. » Anne-Sophie, Québec

Une lettre pour les jeunes endeuillés
Pour les éducateurs qui soutiennent un.e étudiant.e

Soutenir les étudiant.e.s

« Ben, moi c’est vraiment la compréhension des gens autour de moi, que ce soit mes professeurs, mes parents ou mes amis. Ils ont compris à ce moment-là que je n’allais pas nécessairement bien pis que je n’étais pas là à 100 % pour ce qu’il est l’école ou dans la vie familiale. Ça m’a vraiment aidé d’avoir un peu de temps pour me recentrer un peu…comprendre que oui, je vais peut-être pas super bien en ce moment et que c’est correct pis c’est normal. » Laurie, Québec

« Je pense du fait de l’expliquer ce qui s’est passé plusieurs fois. Tu arrives, tu dois l’expliquer à tes professeurs, ils vont poser des questions, pis ça va toujours recenser ce qui s’est passé en détails quand tu n’as pas forcément envie. » Camille, Québec

« Éviter des mots comme « tu dois », « ne fais pas » ou « ce n’est pas normal » quand tu parles avec quelqu’un endeuillé. » Camille, Québec

« C’est difficile quand les gens ignorent ça pis faire comme si c’était rien passé pour moi. Je ne veux pas nécessairement que tout le monde fasse « Oh mon dieu, c’est la fille qui a perdu sa sœur ». J’ai trouvé ça plat un peu…de me faire ignorer par n’importe qui. Même mes professeurs ne m’en parlait pas du tout. Ça les intéressaient pas pis j’ai vécu ça difficilement. Ça m’a amené de la difficulté à l’école, dans plein de choses là dans ma vie. » Alysson, Québec

« Quand c’était le temps des activités à l’école, je voyais une psychologue ou travailleuse sociale et elle me faisait exprimer mes émotions à travers des jeux, des dessins des activités. Ça m’avait aidé aussi. » Anaïs, Québec

Souvenir de mon retour à l'école
Le retour à l'école après l'événement
teenagers support
Qui est au courant à l'école

Ce qui peut aider?

Cliquer sur les liens pour trouver :

  • Quelqu’un à qui parler
  • Des informations, outils et ressources en ligne
  • Des choses qui pourraient t’aider, que tu pourrais essayer toi-même
    Pour les parents qui soutiennent un jeune endeuillé
    Ce que j'aurais aimé entendre
    teen talk grief

    Soutenir les jeunes

    « Quand on avait des rencontres en groupe, ma mère elle aussi parlait avec l’intervenante. Pour vrai, ma mère été mon pilier dans cette situation-là. Elle ne s’est pas effondrée. Si elle n’avait pas été là je n’aurais pas tenu le coup. Donc le soutien du parent, si c’est un autre parent qui est mort c’est vraiment important. Pour moi ça l’a fait la différence. » Roxane, Québec

    « J’aurais aimé avoir plus d’informations et de détails face à la mort. Parce que quand t’es jeune on te dit juste comme « tu pars au paradis » pis tout. Je comprends que c’est la plus belle façon d’expliquer à un jeune c’est quoi mais quand ça t’arrive plus tôt que prévu, c’est un manque vraiment de c’est quoi qui se passe. J’ai dû apprendre moi-même c’était quoi la mort. Ça a fait que c’est devenu un peur pour moi et pis avec le temps c’est devenu ma plus grande peur. » Mia, Québec

    « Ça a duré deux ans, et je suis allée le voir à l’hôpital pendant ces deux ans là. Je pense que ça ne m’a pas aidé. Pour vrai, j’ai tellement été là pis j’ai tellement tout su que ça ne m’a vraiment pas aidé, pis ça m’a plus fait peur qu’autre chose. Je pense que j’aurais aimé mieux pas assister à ça. J’aurais mieux aimé être dans le déni que de tout savoir. » Annabelle, Québec

    « Ben là j’avais 5 ans pis je pense que le fait de le voir une dernière fois ça m’a aidé. Parce qu’en fait, ça me fait réfléchir que si je ne l’avais pas vu une dernière fois, je me serais sentie un peu mal. Je me serais sentie mal de pas l’avoir vu pis de pas lui avoir dit au revoir une dernière fois. Quand c’était les funérailles, moi et ma sœur on avait fait des dessins pis on les avait mis dans le cercueil. Le fait d’avoir participé aux funérailles ça m’a fait réaliser que c’est des choses qui arrive, pis que si ça arrive d’autres fois à d’autres personnes ben je pourrais mieux comprendre peut-être. Dans le fond moi je pense que ça m’a aidé. » Anaîs, Québec

    Ce que Roxane de 8 ans aurait dû entendre
    Je comprends que mes parents m'aient protégée
    Parler au sujet du suicide
    Ne pas se laisser atteindre par les jugements

    Comment soutenir un.e ami.e qui pense au suicide

    On reçoit des messages parfois contradictoires sur notre responsabilité quand quelqu’un s’enlève la vie. Après un suicide, on se fait habituellement dire que ce n’était pas notre décision et donc pas notre faute. D’un autre côté, on entend souvent que lorsqu’un ami pense à se suicider, on doit le dire à quelqu’un pour essayer de lui sauver la vie. Alors, est-ce qu’on est responsable ou non?

    Cliquer ici pour découvrir une façon de voir les choses.

    Les réalités

    « Ben moi, ça, c’est personnel. Par exemple mon père, j’aurais voulu savoir que c’est normal d’être…pas fâcher nécessairement…mais de bien vouloir un peu parce que c’est normal d’avoir une certaine colère, une haine envers la personne. C’est rien de méchant, mais c’est normal d’être fâché qu’il m’a laissé tomber de même si jeune. C’est même aujourd’hui-là, j’y repense pis je suis fâchée. Il y a plein de beaux moments que je voudrais qu’il soit là pis t’sais. C’est normal d’avoir une certaine haine mais ça n’enlève rien à l’amour qui tu as envers la personne. » Maya, Québec

    « Je pense que ça vaut aussi, t’sais de me dire que de parler de la maladie mentale. Je trouve que c’est peut-être parce que je l’ai plus remarqué mais t’sais c’est arrivé en 2009 pis je trouve qu’en 2010 il y avait beaucoup plus de publicités sur le suicide, la maladie mentale, sur la dépression, que la dépression c’est pas juste que tu es triste et que tu pleures. C’est vraiment un état dans le fond. Ce n’est pas passager et que ça va mieux aller un jour, mais que ce n’est pas de ma faute. » Roxane, Québec

    « Je suis quand même fière de moi, parce que sincèrement l’idée de suicide m’a passé par la tête, énormément de fois. Si je l’avais fait, mes parents et toute ma famille m’aurait perdue. Une autre personne, j’aurais fait 3 fois plus de douleurs de ce qui est arrivé pour de vrai. Donc, le suicide ce n’est tellement pas une option. Quand j’entends les histoires des autres, ben je suis encore plus convaincue de ne pas le faire. » Victoria, Québec

    Les mots qu’on a banalisés
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