.Comment soutenir un.e ami.e qui pense au suicide

On reçoit des messages parfois contradictoires sur notre responsabilité quand quelqu’un s’enlève la vie. Après un suicide, on se fait habituellement dire que ce n’était pas notre décision et donc pas notre faute. D’un autre côté, on entend souvent que lorsqu’un.e ami.e pense à se suicider, on doit le dire à quelqu’un pour essayer de lui sauver la vie. Alors, est-ce qu’on est responsable ou non? Hé bien, comme pour beaucoup de choses, c’est complexe. Voici une façon de voir les choses.

Voici une façon d’y penser :

Imagine que tu conduis dans la rue et que tu vois une auto accidentée dans le fossé. Tu sors, et tu vois un de tes amis couché par terre, blessé. Ce qui t’inquiète surtout, c’est qu’une de ses jambes est pliée d’une façon pas normale du tout. Tu es une personne intelligente et bienveillante, mais tu n’es pas médecin et tu ne sais pas comment traiter une jambe cassée. Alors tu peux réconforter ton ami en lui tenant la main, tout en appelant le 9-1-1 sur ton cellulaire de l’autre main pour qu’il soit emmené à un endroit où quelqu’un saura traiter sa jambe. C’est ce qu’un bon ami ferait.

Voici un autre exemple : disons que tu as un.e ami.e qui a le cancer. Tu es une personne intelligente et bienveillante, et tu veux l’aider. Tu peux lui rendre visite, l’appeler, la texter, lui envoyer des cartes, lui apporter des repas (quand elle a de l’appétit), lui tenir compagnie, prier pour elle (si c’est ton truc), et même l’amener chez le médecin. Par contre, elle ne voudrait sûrement pas que tu lui apportes un traitement de chimiothérapie que tu as concocté dans ta cuisine à partir d’une recette trouvée sur Internet. Ça, ce n’est pas ton truc, et ce n’est pas ton expertise. Elle a besoin de toi comme ami.e, pas comme spécialiste du cancer.

De la même manière, si tu as un.e ami.e qui est déprimé et qui pense au suicide, ce n’est pas à toi de régler ce problème. Ce que tu peux faire pour ton ami, c’est lui montrer ton amitié. Dans ce cas, ça veut dire l’aider à trouver le soutien dont il a besoin, auprès de personnes dont l’expertise et le travail consistent à traiter les gens atteints de dépression et ayant des pensées suicidaires. Ton ami a besoin que tu fasses les choses « d’ami », c’est-à-dire parler, écouter, faire des choses avec lui, prendre de ses nouvelles et l’aider à obtenir de l’aide professionnelle quand il est en crise. Ton ami n’a pas besoin que tu sois son ou sa thérapeute, ni que tu deviennes responsable de sa vie – en fait, même les bons thérapeutes ne font pas ça. Ton ami a besoin que tu sois son ami.

Greg Adams, LCSW, ACSW, FT